Interhomeopathy - La famille des Fabaceae: introduction
2010 Septembre

La famille des Fabaceae: introduction

de Jan Scholten, Rajan Sankaran, Maarten van der Meer, résumé par D.Collins

La famille des Fabaceae, connue auparavant sous le nom Leguminosae (haricots et pois), a fait l’objet de recherches par Jan Scholten et Rajan Sankaran. En étudiant la matière médicale et les cas cliniques et en comprenant l’utilisation de ces plantes dans la vie quotidienne, il est possible de dégager des thèmes qui conviennent à l’ensemble de cette famille bien qu’ils se manifestent de différentes manières dans chaque plante respective. Historiquement, ces légumes sont considérés comme « la viande du pauvre », une source de protéines pour ceux qui ne peuvent pas s’accorder le luxe de la viande. Le thème de la pauvreté y est dominant: la peur de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins, physiquement et moralement (DD Psorinum). La vie est vécue comme dure et âpre, sans « dentelles » et sans plaisirs; une galère où le jeu n’a pas de place. Les patients ayant besoin de ces remèdes peuvent se sentir impuissants face à leur situation de pauvreté et de manque. Ils ont tendance à dépasser leurs limites et par conséquent peuvent devenir « secs », sans humour, déçus et critiques.

L’épuisement est souvent un symptôme important pour cette famille de remèdes, un épuisement qui pourrait être lié à l’incapacité à digérer certains aminoacides. On sait que, dans la composition de plusieurs légumes de cette famille, on trouve certains aminoacides peu connus, qui, lorsqu’ils ne sont pas digérés et transformés en protéines, peuvent affecter certaines fonctions physiologiques. En médecine orthomoléculaire, on sait que la carnitine, par exemple, a une influence bénéfique sur le syndrome de fatigue chronique. La fatigue est à la fois physique et mentale; physiquement, elle peut aller jusqu'à la paralysie (sclérose en plaques, polio) ou, au contraire, jusqu'à l’épilepsie. Mentalement, elle s’exprime par une certaine confusion, une tristesse indéfinie et une incapacité à se concentrer ou même à penser. En bref, la présentation générale est celle de détresse, de souffrances et de malheur.

La conséquence naturelle de cette situation est la recherche du plaisir : le plaisir de profiter de la vie, sans son poids de souffrances. Il y a une relation aux thèmes de Nitrogenium (recherche du plaisir). Il est reconnu que les Fabaceae ont une relation symbiotique avec les bactéries qui peuvent transformer l’azote en nitricum dans leurs racines. En hollandais, les Leguminosae sont connus sous le nom «vlinder-bloemingen», (fleurs à papillons) et le désir d’être léger comme un papillon se retrouve dans le désir de se détacher des soucis et des problèmes de la vie, de se séparer de la monotonie quotidienne. Le mot « séparer » et ses nombreuses variations (éparpiller, fragmenter, tomber en morceaux, détacher, dissocier, etc.) reflète cette fuite face à la difficulté de vivre; il est aussi représenté dans les graines, séparées en deux parties, de la cacahuète (Arachis hypogeia), par exemple.

Les vertiges sont aussi un thème important. Ils sont souvent décrits comme «être saoul» et il est probable qu’ils soient en fait saouls, à cause d’un manque d’équilibre de la flore intestinale qui stimule la production d’alcool dans les intestins.

Comme avec Nitrogenium, il y a un temps d’aggravation autour de neuf heures et un désir ou une aversion à la graisse, au lard, au fromage et à toutes sortes de protéines. Les aggravations venant des pois ou des haricots, comme les désirs ou les aversions très marqués, peuvent indiquer les Fabaceae.

Le thème du désir d’enseigner peut être fort, comme avec le Manganum, un autre remède indiqué en cas d’épuisement. Les Fabaceae contiennent beaucoup de Manganum, ce qui se reflète dans le désir d’aider et de travailler en commun. Le thème de la perfection est aussi très marqué, comme dans la série du Fer, à laquelle appartient Manganum; le désir de bien faire peut alors conduire à l’épuisement.

Les remèdes appartenant aux Fabaceae peuvent être indiqués lorsque la vie entière du patient est ressentie comme une lutte incessante ou lorsque certaines périodes sont vécues comme un temps où l’on travaille constamment sans périodes de loisirs, pendant l’adolescence, par exemple, où l’on aimerait mieux s’amuser et découvrir le monde autour de soi que de passer son temps à étudier et devoir réussir. Plusieurs Fabaceae ont démontré leur efficacité dans l’amélioration de la fatigue chronique après une mononucléose, maladie répandue parmi les étudiants. Connue aussi sous le nom de la « maladie du baiser », elle a en fait peu à voir avec le plaisir des baisers mais plus avec le manque de plaisir et de joie souvent ressenti à cette période de la vie.

Si l’on observe les facteurs causatifs dans plusieurs Fabaceae, on peut voir émerger des situations de privation et de détresse. Baptisia, par exemple, peut être utile dans des conditions extrêmement septiques: septicémies dues à des conditions de travail difficiles, comme dans les mines ou les égouts. Le seul fait de travailler dans ce genre de condition peut être une indication en elle-même pour les Fabaceae. Les camps de réfugiés ou de concentration, les bateaux d’esclaves, fuir ses ennemis et être affamé, tout cela contribue à une expérience d’impuissance et de désespoir, terrain d’élection des Fabaceae pour se développer. Melilotus a de nombreuses rubriques qui peuvent être interprétées comme avoir à se cacher de ses ennemis et être silencieux, la situation d’Anne Frank, par exemple. Alfalfa peut être utilisé pour remédier à la malnutrition, aidant le patient à reprendre du poids lorsque le corps est devenu incapable de métaboliser les aliments. Des recherches plus importantes pourront nous aider à trouver des indications de plus en plus précises pour chaque remède.

Jan Scholten a classifié plusieurs Fabaceae en étapes, comme dans le tableau périodique des éléments.

1)     Medicago (Alfalfa)

2)     Phaseolus

3)     Lathyrus

4)     Oxytropis

5)     (pas encore classifié, probablement Gymnoclades)

6)     Genista

7)     Indigo

8)     Cytisus laburnum

9)     Abrus (Jequirity)

10)   Robinia

11)   (probablement Copaiva)

12)   Chrysarobinum

13)   Melilotus

14)   Sarothamnus

15)   Derris pinnata

16)   Physostigma

17)   Ulex

Rajan Sankaran a centré le thème des Fabaceaa sur l’idée de séparation: sentiment d’être coupé en deux, fragmenté et éparpillé, comme il en est le cas dans l’illusion de Baptisia: « Pense qu’il est coupé en deux ou dédoublé. Morceaux séparés ou éparpillés. Agité au lit, essayant de recoller les morceaux. » Dans son livre, Une esquisse du règne végétal, vol.1, Sankaran présente plusieurs cas de patients qui, suite à des circonstances désastreuses, se sont fragmentés et qui, après avoir reçu Baptisia, ont réussi à « recoller les morceaux ». La sensation opposée à la séparation est celle d’être « lié ensemble » et les patients Fabaceae se plaignent parfois d’un sentiment de resserrement ou d’étouffement.

Sankaran propose une classification des Fabaceae suivant les différents miasmes.

Miasme aigu: Melilotus (désunion soudaine, menace aigue d’être désuni)
Miasme typhoïdique: Baptisia (essaye désespérément de « recoller les morceaux », si je peux le faire, tout ira bien)
Miasme paludique: Robinia (menaces intermittentes d’être désuni)
Miasme teigneux: Chrysarobinum (essaye de rester uni)
Miasme sycosique: Copaiva (évite la désunion)
Miasme tuberculeux: Balsamum Peru (une course contre le temps pour réunir ou sinon tout sera détruit)
Miasme cancéreux: Physostigma (aller au-delà de ses capacités pour préserver l’unité)
Miasme lépreux: Caesalpinia (condamné parce qu’il est désuni)
Miasme syphilitique: Lathyrus (détruit parce que désuni)

                                     

Maarten van der Meer utilise l’exemple du tableau de Vincent van Gogh Les mangeurs de pommes de terre pour illustrer l’atmosphère sobre commune aux Leguminosae: image d’une vie misérable, de travail pénible, avec peu de choix et sans « dentelles ». Travailler est ici synonyme de survie, en assurant les besoins vitaux et ne laissant pas de place pour le plaisir et la créativité. Le sens de l’humour tourne au cynisme ou à la dépréciation personnelle, bien que, note-t’il, ces personnes peuvent faire preuve d’une ironie amère à l’égard de la situation souvent désespérée dans laquelle ils se trouvent. Leur frustration les mène à adopter une attitude critique envers autrui ou à une tendance à tirer les autres vers le bas. 

Photos from www.wikipedia.org
1: Astragalus tragacantha
2: Medicago sativa
3: "Potato eaters" V. van Gogh
  

 

Catégories:
Mots clés: pauvreté, fatigue chronique, impuissance, vertiges, sclérose en plaques, séparation
Remèdes:

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